2022-04-06

YOSHINO Satsuki : Barakamon (manga) - review in English and chronique en français

Pour avoir assommé un célèbre calligraphe qui trouvait son travail " rigide et fade ", le beau mais arrogant et égoïste Handa Seishu est contraint de s'exiler sur une petite île. Le jeune citadin, qui espérait pouvoir travailler son art dans le calme, déchante rapidement : ses voisins débarquent sans prévenir, une bande de gamin a choisi son atelier pour terrain de jeu... Attachants, irritants, farfelus, pleins de vie, les habitants du village vont chambouler sa vie bien réglée. (Série en 18 tomes)
 
First things first... Visitors are supposed to come in through the front door !
For a certain reason, a handsome, young calligrapher by the name of Seishuu Handa uproots himself and moves to an island on the westernmost edge of Japan. "Sensei," as he comes to be known, is a city boy through and through, and has never experienced rural life until now. And by the looks of it, he has much to learn. Luckily(?), he has a willing teacher in Naru, the energetic expert islander, to help show him the ropes. But can Sensei keep up with the plucky first-grader, or will he get schooled ? Here unfolds a heartfelt island comedy about a gruff on the outside, soft on the inside urbanite teacher and his new, unfailingly kind island neighbors.
(18 books)

 

 

 
 
J'ai dévoré les 18 tomes de cette série avec un peu d'appréhension au début - les mangas ont tendance à baisser en qualité au fil des nombreux tomes. Mais pas celle-ci ! C'est un véritable petit joyau d'humour, de fraîcheur, de rebondissements, peuplé de personnages variés et attachants. Il n'y a qu'un tome que j'ai moins aimé - principalement à cause du sort réservé aux animaux à la campagne... Ceci dit, j'avais tout emprunté à la bibliothèque, mais finalement, je vais racheter la série pour le plaisir de la relire de temps en temps - et de la faire connaître autour de moi.
 
I devoured the 18 books of this series with a bit of fear at first - manga series are not always consistent in quality, especially when they're long. But not this one ! It's a real little treasure of humour, refreshing, with many characters that you just love. I only liked one book less, because it featured what happened to animals in the country... That said, I had borrowed them all at the library, but I'll finally buy the whole series because I'm certain I will love to read it again - and lend it around me.

Geneviève BRISAC : Les enchanteurs

À dix-huit ans, Nouk pensait que le monde allait changer de base. Il semblerait que quelque chose ait mal tourné...
Nouk est rebelle, insolente. Quand Olaf l'embarque dans sa maison d'édition, elle n'imagine pas qu'il puisse un jour se séparer d'elle. C'est pourtant ce qu'il fait. N'a-t-elle vraiment rien vu venir ?
Avec Werther, c'est autre chose. Ce grand éditeur, excentrique et visionnaire, devient son mentor. Mais il se montrera incapable de la protéger.
Cinglant, poétique, d'un humour féroce, Les Enchanteurs jette un regard lucide sur le mélange détonant que forment le sexe et le pouvoir dans l'entreprise.
Mais c'est d'abord la désillusion, la colère et la mélancolie que convoque ici Geneviève Brisac, dans un hymne à la résistance, c'est-à-dire à la vie.

 
Mmmmm... Pourquoi ai-je emprunté ce livre à la bibliothèque ?... Bonne question. Je ne me rappelle plus trop, sauf que j'ai entendu un bout d'émission sur France Inter où Geneviève Brisac était invitée. Ah oui, j'ai écouté quelques minutes concernant les rapports de force au travail et comme je me suis sentie concernée, hop, emprunté !
Mais ce roman plutôt autobiographique traite surtout du monde de l'édition, de la perte des illusions (on milite pour le féminisme puis on laisse son patron se vautrer sur soi, le travail d'éditeur a bien évolué au fil du temps, le monde du travail est une arène du chacun pour soi, etc) et même si ici et là, des phrases, des situations faisaient mouche, et malgré le sujet, je ne me suis pas sentie entièrement concernée par le style de narration choisi et le peu de profondeur des personnages. Olaf et Werther, quoiqu'on en pense, sont les personnes les plus vivantes de ce roman. Ca m'a fait penser à un #metoo en sourdine.
Ce livre ne m'a pas passionnée, peut-être s'il avait été écrit différemment ? Mais j'étais contente de le lire sous l'angle du témoignage.

 

Maud VENTURA : Mon mari

"Excepté mes démangeaisons inexpliquées et ma passion dévorante pour mon mari, ma vie est parfaitement normale. Rien ne déborde. Aucune incohérence. Aucune manie. "
Elle a une vie parfaite. Une belle maison, deux enfants et l'homme idéal. Après quinze ans de vie commune, elle ne se lasse pas de dire " mon mari ". Et pourtant elle veut plus encore : il faut qu'ils s'aiment comme au premier jour. Alors elle note méthodiquement ses " fautes ", les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre. Elle se veut irréprochable et prépare minutieusement chacun de leur tête-à-tête. Elle est follement amoureuse de son mari. Du lundi au dimanche, la tension monte, on rit, on s'effraie, on flirte avec le point de rupture, on se projette dans ce théâtre amoureux.
 
 

C'est le livre dont tout le monde parle, il y a une file d'attente pour lui à la bibliothèque et j'avais vraiment envie de le lire. Par contre, je n'avais lu aucune critique, rien, juste écouté mes collègues qui l'avaient lu et me le conseillaient, donc aucun préjugé, je ne savais pas de quoi il s'agissait.
J'ai été un peu déroutée au début, le livre se lit bien mais le personnage principal est... légèrement dérangé ? Une sorte de Bree Van de Camp d'origine roturière qui fait tout pour ne pas en avoir l'air. Et quand je dis tout... Par contre, contrairement à ce que raconte le 4e de couverture (que j'ai lu après l'avoir fini), ce n'est pas un roman drôle, je me suis plutôt sentie triste pour l'héroïne même si j'ai parfois souri. Et j'avoue m'être un peu doutée de la fin - un beau retournement de situation bien juteux. Que dire sinon qu'ils se sont bien trouvés ? Ce roman parle d'un "vieux" mariage et combien il est difficile de conserver la flamme du début, ce qui peut légitimement concerner tout un(e) chacun(e), mais dans une situation portée au paroxysme.
On le dévore rapidement jusqu'à la fin pour savoir comment ça va se finir !

Fanny BRITT : Jane, the fox and me

Hélène has been inexplicably ostracized by the girls who were once her friends. Her school life is full of whispers and lies — Hélène weighs 216; she smells like BO. Her loving mother is too tired to be any help. Fortunately, Hélène has one consolation, Charlotte Bronte’s Jane Eyre. Hélène identifies strongly with Jane’s tribulations, and when she is lost in the pages of this wonderful book, she is able to ignore her tormentors. But when Hélène is humiliated on a class trip in front of her entire grade, she needs more than a fictional character to allow her to see herself as a person deserving of laughter and friendship. 


I read this album for my Brontë project, I found it in the Children section of my library.
 
The story has a parallel with Jane Eyre, Hélène loving the novel, and finding a friend who supports her in a hostile environment like the other Helen did. I was disappointed by the fox, though, you don't see much of him ! 
I didn't like the illustrations at first, yet I have to admit that they wonderfully fit the story, with the dull, grey drawings at school and the colourful pages when Hélène reads about Jane - or meets the fox.
In this album, Hélène deals with her identity, with bullying, the loss of friends for no good reasons, so I think it's perfect for people, children or not, who have problems with their image and self-esteem. I probably won't remember it for ever, but I'm glad I read it.
 

Tous végétariens ! D'Ovide à Ginsberg, petit précis de la littérature végétarienne

Sait-on que Platon décrit une cité végétarienne au début de La République ? Que l'une des grandes héroïnes de Rousseau ne mange pas de viande ? Que Tolstoï consacre des pages entières aux abattoirs ?
La question du végétarisme - que notre époque semble nous poser comme si elle était inédite - apparaît dans un nombre remarquable d’œuvres littéraires et philosophiques depuis l'Antiquité. Présente chez Plutarque, Voltaire et Lamartine, elle traverse aussi les écrits de Thoreau, de Gandhi, de Kafka ou encore de Yourcenar. Ce recueil est une invitation à reconsidérer le régime carné sous leurs auspices éclairés.
 
 

Ce qui est bien dans ce petit recueil, c'est qu'on trouve pratiquement des écrivains de toutes les époques et de plusieurs nationalités. Et ce qui est bien dans les recueils, c'est qu'on peut goûter quelques bouchées d'un écrivain que l'on n'a pas encore essayé et se dire que finalement, on devrait explorer son oeuvre.
Les textes sont généralement très abordables, je préviens juste les âmes sensibles que certains le sont moins, comme celui de Tolstoï par exemple. 
Ce qui m'a fait plaisir, c'est la confirmation imprimée et officielle que le végétarisme, voire le véganisme, ne sont pas des idées récentes mais également que ce mouvement qui prend de l'ampleur a généré l'édition d'un livre ^^

ABE Tomomi : En attendant lundi T1 et 2 - série complète (review in French)

Pourquoi en rentrant au collège, tout le monde change du jour au lendemain ?
Mizutani ne le comprend pas ! Jeune fille, elle refuse ce changement radical, elle refuse de grandir. Et plus les jours passent, plus elle se sent en décalage avec ses camarades. Aussi, chaque fin de week-end, elle redoute le début de semaine, le retour à l'école. Jusqu'à ce qu'elle croise un garçon nommé Tsukino. Dès lors, le collège, si gris et ordinaire, semble retrouver des couleurs. Ces deux-là se font alors une promesse : tous les lundis soirs, ils se retrouveront en secret dans la cours de l'école pour passer du bon temps, loin du regard des autres, comme des enfants à l'innocence préservée...

 


 

"Dans ce monde aux teintes monochromes, où tous les bâtiments sont gris, tous les uniformes sont bleus et toutes les tignasse sont noires, seules les pupilles de Tsukino semblent émettre de la couleur à travers cet éclat de lumière aussi vif qu'une flamme."
Très joli manga, graphiquement inhabituel, écrit dans un style littéraire.
Cette série m'a tout d'abord frappée par son graphisme différent. Evidemment, on se rend bien compte qu'on lit un manga, mais tout de même, il y a de l'invention, de la poésie même.
L'histoire est touchante, qui retrace les difficultés du passage à l'adolescence pour deux enfants qui refusent de s'y soumettre. Il n'y a pas grand-chose à raconter au niveau de l'intrigue, les enfants se retrouvent tous les deux le lundi soir pour partager un moment hors du temps et, évidemment, leur entourage ne les comprend pas. Une jolie bulle pleine de douceur.

Kim CARNBY/HWANG Youngchan : Bâtard T1, 2, 3, 4 et 5 (review in French)

Autour du lycée de Jin, les disparitions de femmes se multiplient… Le jeune garçon vit pourtant dans un quartier huppé grâce à la réussite de son père, P.-D.G. d’une grande entreprise. On pourrait croire qu’il a tout pour être heureux, mais l’adolescent souffre de l’absence de sa mère et d’une vie solitaire. Son seul repère est son père : toujours prêt à aider son prochain, il est connu pour ses actions caritatives.
Pourtant, ses airs avenants dissimulent un tueur en série à la cruauté sans limites… C’est lui qui se cache derrière les disparitions ! Et Jin est bien placé pour le savoir, puisqu’il joue depuis des années le rôle d’appât afin d’assurer sa propre survie ! Sa mission ? Attirer les victimes et les assommer à coups de masse avant de les livrer à leur bourreau… Mais quand la prochaine cible désignée est la nouvelle élève de sa classe, la seule à lui avoir jamais porté de l’intérêt, c’est le déclic. Pour la première fois, il décide de se rebeller : qui sortira vivant de cet implacable duel père-fils ?


 
Le graphisme de cette sombre série (les deux auteurs ont également produit Sweet home dont a été tirée la série Netflix) ressemble à un webtoon, avec des tons foncés correspondant bien à l'ambiance glauque dans laquelle elle baigne. Avec les productions coréennes, j'ai l'impression qu'on balance souvent entre la noirceur la plus profonde et le rose le plus... euh... dégoulinant de mignonnerie. Ici, c'est clair, abandonnez tout espoir !
Le papa est diabolique à souhait sans en avoir l'air, le fiston est perdu et un peu perturbé (on le serait à moins), a envie de révolte mais il sait à qui il fait face. Prudence ! La jeune amie de Jin vit avec son grand-père diminué mentalement et lutte pour rembourser ses prêts. Le fils de bonne famille arrogant et imbu de lui-même se fait donner une cruelle leçon. C'est un véritable panier de crabe, tout le monde surveille tout le monde, personne ne sait d'où le prochain coup va venir, la violence est omniprésente.
Ce n'est pas une série à lire quand on n'a pas le moral, mais elle est terriblement addictive : Jin va-t-il réussir à se débarrasser de son machiavélique père ? Gyeon va-t-elle échapper à la mort et aux manipulations diverses et variées ? Jae-hyeok va-t-il trouver la rédemption ?  Addictif, vous dis-je.