Qui donc est Jens Oder Flirum ? Un délinquant accusé à tort du meurtre de sa logeuse et incarcéré durant de longues années en Norvège ? Un mécène à l'origine d'un ambitieux projet de classification et de sauvegarde de la flore amazonienne ? Un membre éminent de la tribu des Sukuruki habité par l'esprit du jaguar ? Un terroriste international en lien avec l'insaisissable Mino Aquiles Portoguesa ?
Oui, tout cela, mais aussi le fossoyeur de cette Europe déchue, démembrée, en proie au chaos d'une guerre totale et insensée.
Déroutant. Décevant. Et parce que décevant, irritant !
J'ai lu le tome 1 de cette série il y a pas mal d'années et je m'en souviens toujours. Etant donné le nombre de livres que je lis, ça veut dire beaucoup. Le zoo de Mengele m'avait surprise, prise aux tripes et est toujours resté dans un coin de ma tête après tout ce temps. Forcément, quand j'ai vu la suite, j'ai sauté dessus et l'ai mis sur mes étagères "à lire"... où il est resté jusqu'ici. Ca arrive.
Le début m'a prise de court : un type, Jens Oder Frilum, est dans une prison, on ne sait pas trop pourquoi, et forcément, il rêve de s'évader. Il pense à beaucoup de choses, pendant beaucoup de chapitres (les chapitres du roman sont très courts), et au bout d'un moment, je jette un oeil vers le milieu du livre pour voir s'il sera toujours enfermé : la réponse est non. Je continue. Bizarrement, il est enfermé non loin de Stephen Hawking - pardon, d'Eagleking - très âgé et ils ont une conversation métaphysique qui me dépasse avant qu'Eagleking refile une formule convoitée par le monde entier à son co-prisonnier. Ah ? Bon.
Puis hop, on part en arrière, quand Jens Oder Frilum (son nom est toujours cité en entier) était au Brésil dans un village perdu au fond de la jungle afin d'y récolter des specimens de fleurs et d'arbres pour sa fondation. Comme dans le Zoo de Mengele, des blancs arrivent et ça tourne mal. Sauf que dans le Zoo de Mengele, ça m'intéressait nettement plus. Là, j'ai l'impression d'avoir une copie délavée de l'histoire précédente. Même si Mino revient (du tome 1), ça n'arrange l'affaire.
Puis hop, on part encore plus en arrière, quand Jens machin était ado en Norvège, un bon à rien qui se retrouve inculpé d'un meurtre qu'il n'a pas commis. Il n'a jamais souri, jamais ri, ne s'intéresse à rien sauf à la bière et au sexe. Une fois en prison, une fois sobre, il n'a pas grand-chose d'autre à faire que lire, s'intéresser à divers sujets, bref acquérir des connaissances. [Là, je me suis fait avoir quand il a parlé de la "bibliothèque noire", une bibliothèque où auraient été recueillis des textes interdits. Un moment, j'ai pensé "Quoi ?! Une bibliothèque que je ne connaîtrais pas !" et j'ai cherché. Je n'ai trouvé qu'un roman portant ce titre et, forcément, "La bibliothèque la nuit", pas de bibliothèque cachée. Mon honneur de bibliothécaire est sauf.] On finit par comprendre où il a trouvé l'argent pour bâtir sa fondation.
Puis hop, on retourne à la prison. Il en sort d'une manière absolument pas crédible et les coïncidences s'enchaînent.
Un truc qui m'a vraiment énervée : quand l'auteur raconte quelque chose et qu'il se sent obligé d'ajouter "C'était beau." Si c'est vraiment si beau que ça, on n'a pas besoin qu'on nous le souligne ! Le Front national celtique aussi, allez savoir, ça m'a énervée, les Le Pen aux infos ça suffit déjà et c'est une Bretonne qui le dit. La seule chose qui m'a plue (et encore, j'ai vu mieux), c'était les perroquets qui parlaient à la place de la femme muette. Original et inattendu. Mais bon, ce livre est une déception *majeure*. J'attendais beaucoup mieux qu'un bouquin vaguement éco-thriller avec des penchants vers le surnaturel. J'ai surtout eu l'impression que l'auteur lui-même avait écrit ça sous l'influence de la drogue, d'où les hallucinations des personnages et la narration hachée pseudo-poétique ? Ceci dit, il y a un tome 3. Avant de me fourvoyer, je suis allée me renseigner sur Babelio et autant le tome 2 a déçu beaucoup de monde (ha !), autant le 3 a l'air d'être meilleur. Donc, je lirai le 3. Mais du coup, maintenant, je me méfie ! Grosse, grosse déception, je ne le répéterai jamais assez, lisez plutôt Le zoo de Mengele.
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